Collectif d'Action et de Lutte contre les Jeux A Risques
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  • http://www.lematin.ch, juin 2009

    Posté le juin 8th, 2009 Caljar Pas de commentaire

    Jeu du foulard: «Une mort comme ça, c’est inadmissible»

    Un jeune de 13 ans est décédé à Genève en pratiquant ce jeu de strangulation. Faut-il améliorer la prévention?

    Le 28 mai, Florent, 13 ans, s’est donné la mort sans le vouloir. Pour avoir pratiqué un jeu qui n’en est pas un: le jeu du foulard. Son père l’a retrouvé inanimé dans sa chambre, sa ceinture de judo autour du cou. «Les jeunes doivent comprendre que ce truc à la con, ça ne s’essaie pas. Le jeu du foulard a tué notre fils», témoigne-t-il dans la Tribune de Genève. «Une mort gratuite, comme ça, c’est inadmissible!» Michel Gannat, pédiatre membre de l’Association française de parents d’enfants accidentés par strangulation, qui possède une antenne en Suisse, se désole de ce nouveau cas.

    Des dizaines de variantes
    Appelées aussi «rêve bleu» ou «été indien», les variantes se comptent par dizaines. L’effet recherché est comparable à celui procuré par une drogue: «La strangulation entraîne un manque d’oxygène qui provoque hallucinations visuelles ou auditives, explique Michel Gannat. Et, comme pour les drogues, une accoutumance peut s’installer.» D’où le très grand danger. Pratiqué en groupe, on peut encore imaginer un camarade voler au secours de celui qui dérape, mais que se passe-t-il pour l’adolescent qui pratique cette strangulation seul dans sa chambre? En France, on dénombre plus de 15 morts authentifiées par année. «Mais la réalité est deux à trois fois plus importante», précise le pédiatre. En Suisse, les cas ne sont pas recensés. Et encore moins le nombre de jeunes qui essaient ces pratiques.

    Effet incitatif
    La prévention reste embryonnaire et, surtout, la circonspection est de mise. «Il faut en parler, encore et toujours», insiste Myriam Rui. Cette Lausannoise a perdu son petit Yoann il y a neuf ans, retrouvé pendu à la lanière de son snowboard. A l’époque, évoquer le jeu du foulard, même face au corps professionnel, équivalait à se heurter à un mur de silence. «C’est surtout depuis le cas de Caspar l’année passée qu’on en parle. Maintenant reste la question de savoir comment le faire, s’interroge-t-elle. C’est toujours délicat, surtout avec les adolescents.»

    Un effet incitatif très redouté, comme le confirme Claude-Anne Bontron, cheffe du Service de psychologie scolaire à Lausanne. Suite au décès du jeune Caspar à l’été 2008, des séances d’information pour les parents avaient été organisées. Lui aussi, un de plus, un de trop, avait été retrouvé par ses parents. Pendu à la mezzanine de sa chambre. «On est vite incitateur, explique la psychologue. J’ai donc choisi de ne pas m’adresser aux enfants.» Des séances qui ont surtout eu pour vocation d’informer les parents, «absolument pas conscients de ces jeux». Face à des sites Internet qui souvent regorgent de détails, rendre les parents attentifs à l’existence du danger est primordial. D’autant plus que les enfants, eux, connaissent bien le sujet.

    Signes avant-coureurs
    Michel Gannat estime que les enseignants pourraient évoquer les conséquences médicales d’un arrêt respiratoire, durant les cours de biologie par exemple. Même si ceux tentés par la funeste expérience sont souvent intelligents, curieux et ouverts, il met néanmoins en garde contre certains signes avant-coureurs, qui surviennent notamment en cas d’addiction. «Des maux de tête, des marques sur le cou ou des questions étranges sur le fonctionnement de la respiration» peuvent parfois alerter les parents.