On ne meurt pas comme cela. On ne meurt pas d’un jeu. Le 30 octobre, Océane, collégienne de 11 ans et demi, est retrouvée pendue à un lacet qui était accroché à une fenêtre de sa chambre. C’est sa petite sœur de 10 ans qui a découvert le corps sans vie de la fillette.
Trois heures après le drame. Madison et Marine, les deux sœurs cadettes d’Océane, jouent dans le parc situé en face de leur domicile, un appartement en rez-de-chaussée d’une cité HLM de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), lorsque la plus grande des deux remarque le visage livide d’Océane plaqué contre la fenêtre. Elle s’approche, lui fait signe. Aucune réponse.
Océane est morte sans que sa mère et son beau-père, présents dans l’appartement, ne s’en aperçoivent. Depuis quelque temps, le couple vit dans une bulle virtuelle, toute la journée rivé à Internet et à Second Life, un jeu vidéo qui propose à ses utilisateurs de découvrir une seconde vie dans un monde virtuel en trois dimensions.
Madison, la première interrogée par la brigade des mineurs de Créteil, pense qu’Océane, qui aurait connu une petite déception amoureuse, s’est suicidée. Une thèse tout de suite été écartée par les enquêteurs qui suivent très vite la piste d’un « jeu du foulard » ayant mal tourné. Le téléphone portable et l’ordinateur d’Océane sont saisis. Comme la plupart des adolescentes de son âge, la fillette était adepte des « chats » et correspondait par e-mail avec ses copines. Dans ces courriers électroniques, des jeux dangereux sont à plusieurs reprises évoqués. La bande de fillettes du collège Pierre-et-Marie-Curie de Villiers-sur-Marne décrit les sensations ressenties lors du « rêve indien », une variante du jeu du foulard qui consiste à bloquer sa respiration pour provoquer un évanouissement précédé d’hallucinations.
La fillette avait tenté l’expérience du « rêve indien »
Si l’on en croit sa correspondance, Océane avait déjà tenté l’expérience du « rêve indien » il y a plusieurs mois. Interrogées par les enquêteurs, sept amies d’Océane ont reconnu avoir déjà participé à des jeux de « non-oxygénation », pour le « fun« . « C’est effrayant, les adolescents banalisent totalement ces pratiques », constatent les policiers de la brigade des mineurs du Val-de-Marne. « Ils énumèrent ces jeux dangereux sans se rendre compte de la gravité de leurs comportements et s’y adonnent parfois plusieurs fois par jour. »
Océane était-elle simplement en recherche de sensations fortes? Voulait-elle tester ses limites ou attirer l’attention d’une maman de plus en plus happée par une autre réalité? Si elle s’inquiétait du quotidien de sa mère, la collégienne aimait la vie, travaillait sérieusement, s’occupait de ses petites sœurs « comme une deuxième maman« , selon ses proches. « Elle était très mature pour son âge, mais c’était encore une toute petite fille en besoin d’amour« , confie Claude, son grand-père.
Le jour de son décès, Océane s’apprêtait à fêter Halloween avec Madison et Marine. Elle avait décoré sa chambre et préparé des déguisements en papier. Certainement pour donner un spectacle. Parce qu’elle était comme cela, Océane, théâtrale, artiste. Plus grande elle voulait devenir actrice. Le patriarche de la famille, très proche de ses petits-enfants, a du mal à se faire à l’idée que sa « poupée » est morte à cause d’un jeu du foulard. « Je préfère m’accrocher à l’hypothèse d’un banal accident… » Comme beaucoup de parents confrontés à un tel drame.
Commentaires récents