« Jeux »

Trois grandes catégories :

1) Jeux de violence, en groupes : jeu du taureau (maintenir une personne dans ces bras pendant qu’une autre fonce sur elle tête baissée pour lui faire le plus mal possible) ; jeu de la canette, ( à plusieurs personnes : une canette est lancée en l’air et tous les participants doivent se ruer sur celui ou celle qui reçoit la canette pour la passer à tabac) ; jeu de la pièce (un enfant doit répondre à une question avant qu’une pièce de monnaie s’arrête de tourner sous peine de subir des griffures jusqu’au sang sous l’œil ou sur la main) ;  jeu de Beyrouth (un enfant se voit demander quelle est la capitale du Liban, en cas de mauvaise réponse il reçoit un grand coup de pied dans les parties intimes) ;  jeu de l’AVC ( pour Action Vérité Chiche où le « chiche » dépend de l’enfant qui détermine le gage) ;  jeu de la machine à laver (un enfant est secoué en même temps qu’il .tourne par deux autres personnes, jusqu’à ce qu’il tombe) ;  jeu du mikado (les enfants s’allongent les uns sur les autres, à l’instar des joueurs de football qui ont marqué un but) ;  jeu du petit pont massacreur (bien décrit par les derniers articles presses nationale…), et la liste est loin d ‘être exhaustive puisque plus de 80 pratiques sont décrites dans les études du sujet. Récemment, est venu le « happy slapping » où le jeu consiste à filmer une agression sur le téléphone portable. Mais le plus « amusant » est de diffuser ces tournages prémédités sur Internet…

2) Jeux d’expériences, en toute innocence, appris en groupes et répété seul à la maison, souvent d’asphyxie et de non-oxygénation : jeu du foulard, jeu de la tomate (prendre une grande bouffée d’oxygène puis de bloquer sa respiration jusqu’à devenir rouge comme une tomate et ainsi tomber en syncope, celui qui « tient » le plus longtemps est héroïque et s’offre des sensations hallucinatoires qui deviennent vite une addiction), jeu de l’aérosol (inhaler un produit afin de transformer sa voix au risque de déclencher un oedème pulmonaire mortel),  jeu du rêve bleu, du rêve indien…

3)Les grandes conduites à risque, qui ne concernent heureusement pas tous les enfants et ados : jeu de l’autoroute (qui consiste à s’allonger en travers d’une grand-rue dans toutes les communes, et à se relever au dernier moment lorsqu’un véhicule arrive tout près… et c’est encore plus drôle à la nuit tombante !), sauter du train, des toits…

Certaines lectures sont également incitatrices, mais vous n’en trouverez pas les références ici : pour les connaître, merci de laisser un message avec une adresse à laquelle vous contacter. Ces lectures sont issues de grands tirages nationaux d’éditeurs célèbres, disponibles en librairie, médiathèques et certaines bibliothèques scolaires. Bien évidemment, elles n’ont pas été éditées dans le but avoué d’inciter à ces pratiques dangereuses, mais n’en demeurent pas moins très explicites.

Ces jeux concernant les enfants de 4 à 20 ans, il est évident que le discours doit être adapté à l’âge. C’est pourquoi une information et une prévention massives vis à vis des familles constitue actuellement la seule arme efficace contre ce fléau.

Françoise Cochet, présidente de l’APEAS, entourée des trop nombreux parents de victimes comme elle, continue inlassablement le combat, s’acharnant à alerter, prévenir, diffuser. Des parents de victimes sont entrés en contact avec elle. Ils ont découvert l’existence du jeu à travers les médias et comprennent enfin ce qui est arrivé à leur enfant. Mais des accidents, à présent correctement identifiés, se produisent encore, rendant toute rétention de l’information odieuse. Un débat télévisé a eu lieu  sur FR3, dans l’émission de Michel Field. Bien qu’un médecin invité y ait affirmé qu’ « il est essentiel d’en parler », un jeune, dans le public, a demandé s’il n’était pas dangereux d’informer les enfants, question dont la réponse, affirmative, tient lieu à plus d’un de prétexte pour ne rien faire.

Émissions, reportages, actions de prévention en milieu scolaire, réunions, formations se succèdent, un réseau solidaire s’est constitué. Certes il faut sans cesse lutter contre les opinions toutes faites (ceux qui « jouent au foulard » sont suicidaires), l’indifférence des pouvoirs publics (pas de suivi), le déni de certains recteurs, inspecteurs d’académie, chefs d’établissement (« il n’y a pas de ça chez nous »). Le milieu journalistique est surtout en quête de sensationnel, le traitement mass médiatique est souvent déformant. Une circulaire du ministre de l’Éducation nationale a enjoint tous les rectorats de France à « procéder d’urgence à une sensibilisation des chefs d’établissement au danger réel que constitue le jeu du foulard », et une circulaire disponible sur Eduscol (http://eduscol.education.fr/D0203/jeux_dangereux.htm) impose à tous les directeurs d’établissement la mise en place de modules de prévention dans leurs structures.Peine perdue, les faits sont là: la majorité d’entre eux n’en a jamais entendu parler…

Aujourd’hui,  la prise de conscience est douloureuse, bien réelle, mais encore beaucoup trop lente. L’APEAS abat un travail considérable (mise au point de kits pédagogiques, conférences, formations dans la France entière, au Canada, aux Etats-Unis, affiches, documentaires…) mais s’essouffle devant l’ampleur du phénomène au plan national. Soucieuses de soulager ses membres, nous avons décidé de fonder un collectif d’action, le CALJAR (Collectif d’Action et de Lutte contre les Jeux A Risques…), afin de mettre en place un réseau national de personnes susceptibles de guider les personnes demandeuses de renseignements, qu’elles soient dans un processus de prévention ou déjà victimes.

Regarder en avant est effrayant si l’on  songe aux drames à venir (et il y en aura si, enfin, personne ne prend tout cela à bras le corps)… Parce que chaque semaine l’APEAS apprend l’existence d’une ou plusieurs nouvelles victimes.