Collectif d'Action et de Lutte contre les Jeux A Risques
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    Posté le mai 29th, 2009 Caljar Pas de commentaire

    Ils tabassent pour un oui ou pour un non. Une victime témoigne
    VIOLENCE GRATUITE |

    Les ados cognent pour des motifs toujours plus futiles. Aurélien raconte.

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    C’est une bagatelle qui a tout déclenché. Pour un rien, Aurélien Debarge, 18 ans, a été roué de coups au point de perdre connaissance. Il a repris conscience à l’hôpital, le nez et deux dents cassés.

    Vendredi 22 mai, avec une trentaine d’amis, il fête l’anniversaire d’une copine aux Bastions. Vers 23 h 30, l’une des filles se fait voler son sac par une bande de jeunes. Après dix minutes à parlementer, le groupe d’amis parvient à récupérer le sac. «Moi et deux copines, nous nous sommes alors écartés, raconte Aurélien, fils d’un conseiller administratif de Chêne-Bourg. Le reste du groupe continuait à parler avec les voleurs.»

    Le trou noir

    A partir de là, c’est le trou noir, Aurélien ne se souvient de rien. Ce sont ses amis qui lui ont raconté la suite: «En m’écartant, je suis passé près d’un autre groupe de trois jeunes, qui n’avait rien à voir avec le premier, et j’en ai touché un de l’épaule, sans le faire exprès. L’un d’eux m’a alors donné un coup de poing dans la figure.» Réflexe de joueur de rugby, Aurélien le plaque au sol, mais il se fait rouer de coups de pied, dont plusieurs l’atteignent à la tête, par les deux acolytes de son agresseur. Tout cela ne dure que quelques instants, les amis d’Aurélien volant à son secours. Le jeune homme, qui a eu une commotion cérébrale, se réveille à l’hôpital sans comprendre ce qu’il fait là. Il a déposé une plainte pénale.

    Une histoire, hélas banale, qui montre le rapport de certains jeunes à la violence. Ceux-ci castagnent pour des motifs de plus en plus futiles. Voire sans motif du tout, à l’instar des amateurs de «happy slapping», qui giflent ou cognent au hasard des inconnus dans la rue et filment leurs «exploits» pour les diffuser sur Internet.

    Les statistiques de la police genevoise montrent que les infractions contre la vie et l’intégrité corporelle ont augmenté de 15% chez les moins de 18 ans de 2007 à 2008, principalement à cause de l’explosion des agressions en groupe (+85%). Le rapport de la Confédération sur la violence juvénile publié cette semaine souligne que les actes de violence commis par des jeunes se sont multipliés par cinq en vingt ans. Mais cela est dû en partie à une tendance accrue de la population à dénoncer les délits.

    Films et jeux vidéo

    Comment expliquer et prévenir de tels comportements? Claudine Gachet, députée radicale au Grand Conseil, dirige l’association Face à Face (www.face-a-face.info), qui prend en charge les femmes et les adolescents violents. La plupart de ceux avec lesquels elle travaille lui ont été envoyés par la justice. «Ces jeunes glorifient la violence, et eux-mêmes sont en quelque sorte glorifiés par la presse, qui leur consacre des unes», note la thérapeute.

    Pour elle, l’influence des films et des jeux vidéo est évidente, bien que les études ne soient pas aussi affirmatives. «A Cannes, les trois films primés sont extrêmement violents. Beaucoup de jeunes ne regardent que cela, et dans certains jeux vidéo, ils apprennent à tuer. Comment voulez-vous qu’ils réagissent quand ils sont en colère?»

    Aider les parents

    Les jeunes dont elle s’occupe lui décrivent un univers brutal, où l’on est soit agresseur, soit victime. La prévention passe notamment par la prise de conscience, selon Claudine Gachet: «Les adolescents ne se rendent pas toujours compte de la portée de leurs coups.» Mais pour elle, le recours à la psychiatrie et aux neuroleptiques est un désastre. «Ces jeunes ne sont pas des psychopathes! Il vaut mieux aider et soutenir les parents. Ceux-ci sont de plus en plus permissifs et le seuil de tolérance des jeunes baisse.»

    Claudine Gachet va lancer une proposition politique pour que les conseillers sociaux des écoles soient autorisés à recueillir des plaintes, par exemple en cas de racket. «Pour un jeune qui fait partie d’une bande, il est très difficile de porter plainte à la police.»

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