Collectif d'Action et de Lutte contre les Jeux A Risques
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  • Le Journal du Dimanche, http://www.lejdd.fr (mai 2007)

    Posté le mai 1st, 2009 Caljar Pas de commentaire

    Le jeu du foulard continue de tuer

    >> Gaspard, 8 ans, est mort par étranglement à Saint-Cloud, pendu dans sa chambre au barreau de son lit. Le petit garçon, fils de publicitaires, « choyé, bon élève, curieux de tout « , n’a pas décidé de mettre fin à ses jours mais de pousser jusqu’au bout un jeu dangereux: le jeu du foulard ou rêve indien, populaire dans les cours de récréation.

    foulard_cropLysiane Dubrouillet tient la photo de son fils, Julien, mort du jeu du foulard, en 2005 à Arras. (Maxppp)
    La règle, se stranguler à l’aide d’un lien, foulard, ceinture, ou simplement avec ses mains, dans le but de couper la respiration et de ressentir des sensations intenses, des hallucinations, parfois jusqu’à l’évanouissement. Une pratique qui a fait 15 morts en France entre janvier 2006 et aujourd’hui – le dernier cas date de mercredi, une fillette de 12 ans en Moselle – dont six en région parisienne.

    Morts à Levallois-Perret, à Boulogne-Billancourt en février 2006, à Antony en octobre (92), dans les 6e et 20e arrondissements de Paris en novembre et décembre. En avril dernier, dans l’Essonne (91), un adolescent de 12 ans a tendu un grand tissu par-dessus la porte de sa chambre sur lequel il a appuyé son larynx jusqu’à l’évanouissement et la crise cardiaque. Ces chiffres sont avancés par l’Apeas* (Association de parents d’enfants accidentés par strangulation). Il n’existe pas de statistiques officielles, puisque les morts des enfants de moins de 15 ans sont classées décès naturels ou suicides, et certains suicides peuvent cacher des cas de jeux du foulard.

    Le pic de la pratique se situe à l’âge de 12 ans

    Le Dr Jean Lavaud, responsable du service d’urgence et de réanimation pédiatrique de l’hôpital Necker-Enfants malades, a réalisé en 2005 une enquête auprès de 67 antennes du Samu, au niveau national, révélant sept accidents d’enfants par strangulation dont cinq décès. Les deux survivants s’étaient adonnés au jeu du foulard à l’école, les cinq décédés le pratiquaient chez eux, en solitaire. Selon une enquête Ipsos réalisée auprès de 1.000 personnes âgées de 15 à 70 ans, 5 % des Français et 10 % des 15-19 ans sondés disent connaître dans leur entourage un enfant accidenté des suites du jeu du foulard. La fréquence de la pratique n’est pas mesurable, mais si l’on en croit cet adolescent de 13 ans, elle serait banalisée. « Je me fais un rêve indien une ou deux fois par jour, c’est rien par rapport à mes copains qui le font parfois huit fois par jour ! » Le pic de la pratique se situe à l’âge de 12 ans et c’est à cet âge-là que les décès surviennent le plus.

    L’enfant qui perd connaissance « gagne » la partie

    Les plus petits seraient adeptes du jeu de la tomate. Sorte d’initiation au jeu du foulard, ce concours consiste à couper sa respiration (sans lien cette fois-ci), ce qui freine l’irrigation du cerveau, jusqu’à devenir écarlate. L’enfant qui perd connaissance a gagné la partie. Des défis pratiqués dans les cours d’école et même au sein des classes. Le mois dernier, dans une école primaire de Saint-Cloud (92), alors que l’institutrice était au tableau, tous les élèves d’une section de CE1 ont croisé les bras et ont coupé leur souffle en même temps. Un garçon est tombé en syncope.

    Au sein de l’Education nationale, le sujet a longtemps été tabou, considéré comme un épiphénomène. Et les actions de prévention en sont encore à leurs balbutiements. A la rentrée 2006, une note de la direction générale de l’enseignement scolaire visant à informer les directeurs d’établissement a été diffusée auprès des inspecteurs d’académie. Et le 18 avril dernier, le ministère de l’Education nationale a édité et mis en ligne une brochure intitulée Les jeux dangereux et les pratiques violentes, prévenir, intervenir, agir. Les associations de parents estiment qu’il faut faire plus. C’est le cas de Catherine Vince, vice-présidente de l’Apeas: « Je milite pour que des formations soient inscrites dans les IUFM afin que les enseignants sachent détecter les pratiques de jeux dangereux et sachent comment réagir. »

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