C. A. L. J. A. R.

Collectif d'Action et de Lutte contre les Jeux A Risques
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  • http://www.ledauphine.com, 26/06/2009

    Posté le juin 26th, 2009 Caljar Pas de commentaire

    SOCIÉTÉ
    Jeu du foulard : le combat d’une famille pour que la mort de Florent serve aux autres


    19 heures. Genève bruisse sous le flot de la circulation. Le bruit mat d’un ballon résonne dans la cour de l’école maternelle qui jouxte l’immeuble de la famille de Florent. Une activité sonore qui s’arrête net sur le palier de leur appartement, comme si toute cette agitation avait la décence de ne pas troubler le chagrin de Massimo, Fabienne et Benjamin. Pas de larmes, ni de soupirs sur leurs visages.

    C’est dans la retenue et une belle dignité que le couple et leur fils aîné évoquent le drame qui a bouleversé leur existence, ébranlé cet amour filial qu’ils se portent les uns pour les autres. Une tragédie qu’ils rendent publique. « Pour empêcher que d’autres drames ne surviennent », dit avec insistance Massimo.

    Une ceinture de judo nouée autour du cou

    Sa haute stature écrasée sur une petite chaise, le papa de Florent intervient souvent dans la discussion, comme pour exorciser cette profonde douleur. C’est lui qui, au retour du travail, a trouvé son fils de 13 ans, inconscient, une ceinture de judo nouée autour du cou. Comment expliquer l’innommable, cette profonde déchirure occasionnée par la perte d’un enfant. D’un grand bonhomme, qui venait de finir, haut la main, son année de secondaire. D’un gamin à la bouille rieuse qui vénèrait son grand frère, Benjamin ; avec lequel, il croisait les gants lors des matchs de boxe-taï. Et qui faisait partie d’un club de foot, depuis plusieurs années. Un môme sympa, entouré d’une tribu de copains et de copines, aux goûts musicaux éclectiques. « De Johnny, sous mon influence, à des trucs inaudibles », plaisante Massimo, qui aimait épater Benjamin, en lui dénichant de nouveaux morceaux, et qui s’enthousiasmait à l’idée de « retrouver cet été ses copains de foot en Italie ».

    En somme, un ado, bien dans sa tête et dans sa peau, « qui a fait une grosse bêtise ». C’était le 28 mai dernier. Et d’ailleurs, son père a cru « un millième de nano seconde que Florent lui avait joué un tour ». Avant de se rendre à l’horrible évidence et de tout faire, en contact permanent avec le Samu d’abord au téléphone et ensuite en présence du médecin, pour que Florent, son Florent, reprenne son souffle, revienne à la vie. En vain. Ses tempes sont brûlantes, sa tête bourdonne de pourquoi. La réponse -et c’est une chance, insiste-t-il,- lui sera donnée dans les minutes qui suivent par le médecin qui leur explique que c’est un accident, un jeu qui a mal tourné.

    Florent est « mort » appuie Benjamin d’une terrible pratique en cours chez les enfants : “le jeu du foulard “ou encore appelé “le rêve indien “. Un nom bien cauchemardesque pour cette expérience qui lui enlevé son frère.

    « Il avait un beau visage, tout calme »

    Les signes ne trompent pas, ils écartent sans l’ombre d’un doute la thèse du suicide. « Il était assis par terre, il avait un beau visage, tout calme, il s’est évanoui », intervient doucement Fabienne, sa maman.

    Mais son caractère peut devenir explosif quand, le lendemain du drame, elle se heurte à un mur d’ignorance. D’accord, pour en parler au collège mais pas à l’école primaire, « on n’est pas concerné ! », lui a-t-on opposé.

    Le médecin qui a essayé de ranimer Florent leur a pourtant clairement dit que c’est entre 10 et 15 ans que cette pratique est la plus fréquente. Et à Genève, l’école primaire va jusqu’à 12 ans !

    Il faut englober le jeu du foulard dans les pratiques dangereuses », insiste-t-elle en prônant « la politique de grignotage », celle qui consiste à éparpiller l’information.

    Le pasteur a clairement expliqué les raisons de la mort de Florent, lors des obsèques.

    L’auditoire était fourni, tous ses copains d’école et de foot étaient là.

    « Autant d’enfants qui ne seront pas tentés de le faire », se félicite Benjamin. « Il ne faut pas que Florent soit parti pour rien ».

    REPÈRES
    Le célèbre institut de sondage ISOS a réalisé pour l’APEAS, la première enquête française portant sur la notoriété et la pratique du jeu du foulard.
    APEAS : association de parents d’enfants accidentés par strangulation.

    Krystel BABLEE
  • http://www.viva.presse.fr

    Posté le juin 23rd, 2009 Caljar 7 commentaires

    Ces jeux dangereux, pour nos enfants

    « T’es pas cap de plus respirer » : dans les cours de récré on croit que c’est sans risque, mais parfois la mort est au bout. Une association de parents de victimes veut mettre ces pratiques hors jeu.

    Romain avait douze ans, Magali, treize, Christophe, dix, et Anne-Lise, quinze ans. Comme une trentaine d’enfants par an, ils ont joué au jeu du foulard et ils en sont morts. Ce jeu, que les adolescents des années 1970 appelaient le rêve indien, consiste en un étranglement volontaire réalisé seul ou à plusieurs et dont l’objectif est de vivre une expérience forte, de connaître des sensations nouvelles. Il s’agit de conjuguer une hyperventilation forcée obtenue par quelques flexions rapides des jambes et de grandes inspirations. Puis de bloquer la respiration tout en appliquant une pression sur la carotide, voire en comprimant fortement le sternum. Un évanouissement se produit, précédé de sensations de type hallucinatoire.
    Cette pratique de cour d’école, d’apparence anodine, existe depuis longtemps. Beaucoup d’élèves et de parents en ont entendu parler, tout comme le jeu de la tomate – pratiqué même dans les écoles maternelles –, qui consiste à cesser de respirer jusqu’à provoquer une syncope. Trop peu en revanche connaissent les risques que peuvent entraîner ces jeux qui n’en sont pas. Ils tuent ou, à cause de la privation d’oxygène, entraînent des séquelles irréversibles au cerveau. D’abord, l’enfant ou l’adolescent teste le jeu, à plusieurs souvent, dans les cours de récréation, en centre de loisirs ou en colonie de vacances pour relever un défi, pour « être cap », sous la pression du groupe.

    « Il est tombé en syncope »
    Chloé, seize ans, témoigne : « Un ami m’a dit qu’il voulait avoir un flash. Il m’a expliqué qu’il allait faire des flexions en respirant très fort et que, quand il sera arrivé à un certain nombre, il allait rester debout et il fallait alors que je lui appuie très fort sur le sternum, mais qu’on devait être prêts, mon autre ami et moi, à le retenir car il allait tomber de tout son poids. J’ai effectué tout ce qu’il m’a dit et il est tombé comme une masse, convulsé et les yeux révulsés. J’ai dû lui mettre des claques pour qu’il se réveille. Il m’a proposé de le faire. Comme j’avais eu très peur, j’ai eu la chance de refuser. » Ou encore Simon, quatorze ans : « Si j’ai pratiqué ce jeu, c’est parce qu’un ami nous avait tous convaincus de le faire et qu’il n’y avait pas de danger. Son père était médecin et son oncle chirurgien, alors on lui a fait confiance. »

    Un pic de mortalité à 12 ans
    Par la suite, l’enfant ou l’ado peut être tenté de renouveler seul l’expérience, à l’aide d’un lien quelconque. Le risque est alors majeur, personne ne pouvant alerter les secours en cas d’étranglement prolongé après la perte de connaissance. Chaque année en France une dizaine d’enfants et d’adolescents de 7 à 18 ans en meurent. Le pic de mortalité se situe à 12 ans. Les victimes, en majorité des garçons, sont issues de tous les niveaux sociaux, et souvent même de milieux très favorisés.

    Pour le Dr Jean-Claude Fisher, psychiatre spécialiste de l’adolescence, « le jeu du foulard n’a rien d’une conduite à risque – comme peuvent l’être des pratiques addictives, telles la consommation d’alcool, de drogues… ». Dans ces situations-là, le jeune connaît les dangers et s’y mesure volontairement. « Avec le jeu du foulard, nous sommes dans un tout autre cas de figure : l’enfant ou l’ado ne sait pas ce qu’il risque. Voilà pourquoi la plupart des victimes sont des enfants qui allaient bien, qui n’avaient pas de conduites morbides ni n’étaient suicidaires. Ils aimaient vivre, jouer. » « Ce n’est pas une conduite à risque, affirme également Hakima Aït El Cadi, sociologue au Cnrs, spécialiste de l’adolescence (faculté de la Timone, à Marseille). Dans la conduite à risque, on sait qu’il y a danger de mort, mais on fait quand même. Là on croit seulement que c’est un jeu et la mort est quelquefois au bout. »

    Grâce à ces professionnels, on sait que l’information et la prévention sont efficaces. Une fois avertis des risques encourus, les enfants et les ados cessent généralement un jeu dont ils ne mesuraient pas les conséquences. La volonté de transgression reste rare. Malheureusement, pendant longtemps, et de peur « de populariser la pratique », médecins, enseignants et tous ceux qui interviennent auprès des jeunes ont préféré taire les dangers de cette pratique. C’est ce que dénoncent les parents d’enfants victimes, qui lancent une grande campagne d’information. Ils ont ainsi crée l’Association de parents d’enfants accidentés par strangulation (Apeas) et un site Internet. Son but : transmettre au plus grand nombre un maximum d’informations sur les dangers de cette pratique.

    [02.11.07]

    - Anne-Marie Thomazeau

    Jeux de mains…
    Ils portent différents noms : le « jeu » du cercle infernal, de la cannette, du mikado, du bouc émissaire, du petit pont massacreur, de la mêlée, du jugement, du petit pont boulette ou de la tatane. Le principe est toujours le même. Au sein d’un cercle de jeu, un objet est lancé aux joueurs à tour de rôle, celui qui ne le rattrape pas devient la victime et est alors roué de coups par les autres participants. Courant également, le happy slapping, en français « joyeuses claques » : c’est une pratique consistant à filmer avec son téléphone portable une agression perpétrée par surprise puis de diffuser ces images. Ces jeux peuvent avoir des conséquences graves – hématomes, fractures, séquelles neurologiques –, voire mener à la mort. Les conséquences psychologiques peuvent aussi être importantes, et entraîner une dépression, une phobie scolaire et parfois, même, des idées suicidaires.

    Ce qui doit alerter

    La pratique du jeu du foulard n’est pas une tentative de suicide. Elle s‘accompagne rarement de comportements étranges. Quelques détails peuvent cependant alerter les parents :
    - des traces suspectes sur le cou (parfois camouflées)
    - lien, corde, ceinture, que le jeune prend sans raison dans ses affaires
    - maux de tête, douleurs auriculaires
    - diminution de la concentration
    - rougeurs sur le visage
    - bruits sourds dans la chambre (chute dans le cas d’une pratique solitaire)
    - questions posées sur les effets et les dangers de la strangulation.

  • www.laprovence.com, janvier 2008

    Posté le juin 19th, 2009 Caljar Pas de commentaire

  • http://www.lematin.ch, 19 Juin 2009

    Posté le juin 19th, 2009 Caljar Pas de commentaire

    Interview de Claude-Anne Bontron

    Cheffe du Service de psychologie scolaire de Lausanne

    «Si les adultes se taisent, ils banalisent ces actes de violence»

    La Direction de l’éducation lausannoise a mis sur pied des séances d’information sur les «jeux» de non-oxygénation et d’agression. Cela à destination des parents d’élèves du secondaire mais aussi du primaire. Les jeunes enfants sont donc aussi touchés par ces pratiques dangereuses?
    Le «jeu» du foulard est un problème qui touche en premier lieu les adolescents. Par contre, on observe que les «jeux» violents peuvent apparaître déjà vers 8 ou 9 ans. C’est pour cela que nous avons voulu toucher tous les parents, même ceux des plus petits.

    Il y a de multiples manifestations de ces «jeux». Celui du couloir de la mort où un enfant passe entre deux lignes de camarades qui le frappent. Ou celui de la mort subite dans lequel un groupe d’élèves désigne une couleur au hasard le matin. L’enfant qui porte des vêtements de cette couleur sera frappé et humilié.
    Oui, les formes sont nombreuses. Mais il y a deux grandes catégories de jeux violents. Les premiers qui sont une espèce de rite de passage. Celui qui est frappé le fait pour montrer de quoi il est capable. Les seconds sont des manifestations d’agressivité envers un individu. Dans les deux cas, les parents doivent dire que ces actes sont inadmissibles.

    C’est le principal conseil à donner aux parents?

    Oui. Nous leur conseillons de lever la barrière du silence, le tabou. Il faut oser parler de ces cas de violence. Si les adultes se taisent, ils les banalisent. L’enfant peut risquer de croire que ces actes sont normaux et acceptables. Le dialogue avec son enfant permet aussi de ne pas être dépassé par ce qui se passe dans les préaux. Les enfants peuvent nous apprendre des choses.

    Peut-on établir des types d’agresseurs et d’agressés?

    La tâche est très complexe car le cadre et les prémices des actes de violence sont très variés. Cependant, ce qu’on constate parfois, c’est que les agressés deviennent agresseurs par la suite. Enfants qui n’osent pas dire non, ils sont otages du groupe et basculent dans l’autre camp.

    Souvent les victimes se taisent par peur ou parce qu’elles ont honte. Faut-il les forcer à parler?

    Si on les pousse, cela a toutes les chances de les bloquer. Lorsqu’un parent parle avec son enfant, il ne faut pas qu’il attende une réponse immédiate. C’est important de montrer que la porte est ouverte. L’enfant viendra peut-être quelques jours plus tard pour se confier.

    Ne va-t-on pas parfois trop loin en voyant le mal partout?
    Lorsqu’un enfant rentre à la maison en disant qu’il s’est fait taper, il faut parler avec lui de ce qui s’est passé. Il peut s’agir d’un événement banal comme il y en a beaucoup dans les cours de récréation. Mais il est possible que cela soit plus grave. D’où l’importance du dialogue avec son enfant

  • http://www.education.gouv.fr, 19 juin 2009

    Posté le juin 19th, 2009 Caljar Pas de commentaire

    Poursuite et amplification de la lutte contre les jeux dangereux et les pratiques violentes
    Actu en images - Xavier Darcos 18/06/2009

    Jeudi 18 juin, Xavier Darcos s’est entretenu avec les représentantes des deux associations intervenant dans la prévention des jeux dangereux : l’association des parents d’enfants accidentés par strangulation (APEAS) et l’association
    S.O.S. Benjamin. Pour lutter contre les jeux dangereux et les pratiques violentes, le ministre souhaite que l’effort se poursuive pour informer les élèves et leurs parents, former les personnels de santé et s’appuyer sur les associations.

    sos-benjamin.jpg APEAS.jpg

    La lutte contre la violence et les discriminations fait partie des 15 priorités de la prochaine année scolaire. Pour la première fois, il est indiqué dans une circulaire de rentrée que le phénomène des jeux dangereux doit faire l’objet d’une vigilance constante.
    circulaire n° 2009-068 du 20 mai 2009

    Page à consulter

    Xavier Darcos souhaite que la lutte contre les jeux dangereux et les pratiques violentes soit poursuivie et amplifiée à la prochaine rentrée scolaire
    Communiqué de presse [18 juin 2009]

  • http://www.lematin.ch, 19 Juin 2009

    Posté le juin 19th, 2009 Caljar Pas de commentaire

    Jean-Luc Guyer: «Les victimes restent victimes»

    Le professeur zurichois Jean-Luc Guyer vient de dresser un constat effrayant de la violence scolaire. Interview.

    La Suisse n’avait aucune donnée fiable sur la violence dans les préaux. Mais grâce à l’étude de Jean-Luc Guyer, parue dimanche, on en sait un peu plus. Et les résultats font peur: 58% des mômes de 6 à 16 ans sont régulièrement insultés. Un quart a été battu. Dorénavant, la violence scolaire ne se résume plus à une série de faits divers, comme celui du jeune Neuchâtelois de 15 ans brûlé vif par ses camarades («Le Matin» d’hier). On a maintenant une idée de l’ampleur et de la complexité du phénomène. «Nos données sont comparables à celles qui existent en Europe du Nord», précise Jean-Luc Guyer. Le directeur du Centre de psychologie et de psychothérapie clinique au sein de l’institut de psychologie appliquée de Zurich détaille ses résultats. Et exclut tout remède magique.

    Coups, mobbing, agressions sexuelles, insultes, blessures: à lire votre étude on a l’impression que l’école est une jungle!
    Non, la grande majorité des enfants n’ont pas de problème à l’école, et leurs parents peuvent être tranquilles. Ce qui n’empêche pas de constater des problèmes. Quand 5% des élèves ont peur d’aller à l’école au moins une fois par semaine, ça ne semble pas énorme. C’est pourtant grave, et beaucoup trop.

    Concrètement, qui sont les victimes de violence?
    On trouve plus d’enfants hyperactifs, qui connaissent des difficultés dans leur relation aux autres. Des écoliers un peu gros. Ceux qui ont une intelligence supérieure à la moyenne, etc. Bref, ce sont souvent des élèves qui présentent une différence.

    Comment aider ces souffre-douleur?
    C’est difficile. Ces victimes, souvent, ne se défendent pas. Et, surtout, c’est un rôle que ces élèves connaissent: ils sont aussi souvent victimes à la maison et le restent s’ils changent d’école. Ils ont en quelque sorte intégré ce statut de victime.

    Dans les préaux, est-ce que ce sont les grands qui cognent les petits?
    C’est très rare. La grande majorité de la violence se joue entre élèves du même âge.

    Parlons des «bourreaux»: ont-ils un profil type?
    Non. Mais ceux qui sont peu intégrés dans l’établissement, ceux qui viennent d’une famille ou d’un milieu problématique, ou ceux qui ont de mauvais résultats scolaires sont surreprésentés parmi les auteurs de violences.

    Votre étude montre aussi qu’une petite minorité fait de gros dégâts: 3% des élèves cognent chaque semaine…
    Effectivement, 3 à 8% des élèves sont problématiques, et là aussi il faut un travail de longue haleine pour changer ces comportements. Souvent, ces auteurs sont ou ont été des victimes de violence scolaire.

    La violence scolaire augmente-t-elle?
    Soyons honnête: on n’en sait rien. Nous n’avons pas de données datant de dix ou vingt?ans pour comparer. Mais je crois que les insultes et les cas de mobbing sont en hausse.

    Existe-t-il de nouvelles formes d’agression?
    Oui. Il y a le happy slapping: des élèves tapent un enfant et le filment. Il existe aussi une sorte de torture psychologique élaborée: un groupe d’élèves monte des histoires de toutes pièces pour rejeter un individu. Et font circuler leurs mensonges par SMS. Ou pis: ils créent des sites Web pour discréditer un élève ou toute sa famille. A Zurich, un site a même inventé un cas d’inceste

    Vous montrez que la majorité des agressions ont lieu dans le préau. Personne ne surveille?
    Il pourrait y avoir davantage de surveillance: les élèves le réclament eux-mêmes. Mais le problème n’est pas là. Il faut surtout des règles et des limites claires. Exemple: à partir de quel stade une bagarre n’est plus un jeu? L’enseignant doit avoir une conscience claire de ce stade et intervenir pour dire stop. Ça marche très bien quand il existe une cohérence de doctrine dans une école. Beaucoup moins quand les 60 professeurs n’ont pas la même conception de cette limite.

    Alors que faire? punir?
    Il faut une réponse rapide aux débordements. Mais, de manière générale, la violence dépend surtout du climat de l’établissement, des relations prof-élèves et de la dynamique de la classe.

    Alors pourquoi pas des cours de prévention partout en Suisse?
    Ce n’est pas inutile, mais les effets sont ponctuels. Si on instaure trois jours intensifs de prévention de la violence, on constate une amélioration pendant un, deux, trois mois. Un an plus tard, il n’y a plus rien. Je crois au travail de longue durée, aux projets concrets. J’ai par exemple fait travailler des élèves sur la création d’un logo pour leur école. Si on multiplie ce genre d’interventions, les écoliers apprennent à se connaître et à vivre ensemble. Un climat positif naît, la violence diminue. Mais, évidemment, c’est moins spectaculaire ou populaire que de dire qu’il faut instaurer de terribles punitions.

  • http://www.tv5.org, 18 juin 2009

    Posté le juin 18th, 2009 Caljar Pas de commentaire

    les communiqués de presse

    «Enquêtes et révélations» – Le magazine présenté par Magali Lunel dénonce ce soir les pratiques dangereuses, dont le sinistre «jeu du foulard», toujours en vogue dans les cours d’école.

    Qu’ils semblent loin les jeux innocents de notre enfance. Désormais, les plus endurcis ou curieux jouent régulièrement à la « gardav’ » (« garde à vue »), au « couloir de la mort » ou au « pont massacreur ». Le principe ? Un banal jeu de ballon. Mais malheur à celui qui se laisse faire un « petit pont », c’est-à-dire se laisse dribbler et passer la balle entre les jambes. Il est immédiatement attrapé par les autres joueurs qui se mettent à le frapper sans répit. « On s’arrête quand la victime en a marre », raconte face à la caméra, goguenard, l’un des participants. Avant de se reprendre : « Enfin quand nous, on en a marre… »

    Désormais, ces « jeux », parfois mortels (une quinzaine de cas signalés par an), sont devenus une mode, un signe de reconnaissance pour faire partie d’un groupe. Ce deuxième numéro du magazine animé par Magali Lunel débute d’ailleurs par l’une de ces pratiques – appelée « jeu du foulard » ou de la « tomate » -, basée sur la strangulation. Et le témoignage bouleversant d’une mère dont la fille, Noélanie, âgée de 8 ans, est décédée après avoir été étranglée par d’autres élèves. La petite fille avait pourtant envoyé, en secret de ses parents, un appel au secours aux gendarmes. En vain. « Le problème est souvent nié par les autorités ou les personnels d’éducation, souligne Magali Lunel. Cela ne veut pas dire que les proviseurs ne font rien. Mais les spécialistes se sont rendu compte que la frontière était très ténue entre prévention et incitation. Parler de ces pratiques, même pour les dénoncer, peut donner des idées à des jeunes en quête de sensations extrêmes. »

    Filmés par des téléphones portables

    Une violence qui touche tous les milieux, aisés ou non, urbains ou ruraux. Un phénomène qui a pris une nouvelle ampleur avec Internet, où certains sites regorgent d’images de passages à tabac filmés avec des téléphones portables. « Ce qui est bien pire que la douleur physique, à cet âge où on est narcissiquement fragile, c’est l’humiliation, souligne un pédopsychiatre. Les victimes vivent avec la peur que cette vidéo existe encore sur Internet et que d’autres personnes tombent dessus. » Des images qui seront d’ailleurs difficiles à regarder pour les téléspectateurs qui ont des enfants tant les ­agressions paraissent souvent ­aussi cruelles que gratuites et imprévisibles. Du coup, certains parents, comme cette mère de famille qui a accepté d’être filmée, viennent chaque jour surveiller leurs enfants à travers les grilles de l’école.
    TF1 – Ce soir à 23 h 20.

  • http://www.lematin.ch

    Posté le juin 15th, 2009 Caljar Pas de commentaire

    Un enfant sur quatre est battu à l’école

    Selon l'étude, une partie des écoliers se fait régulièrement insulter, railler, taper, voire agresser sexuellement par d'autres camarades Image © Keystone

    Selon l’étude, une partie des écoliers se fait régulièrement insulter, railler, taper, voire agresser sexuellement par d’autres camarades

    Le mobbing et la violence n’épargnent pas les relations entre élèves à l’école. Un professeur zurichois dit stop!

    En Suisse, le mobbing ne touche pas seulement les adultes sur leur lieu de travail. Aujourd’hui, le phénomène est déjà bien installé dans les préaux des écoles. Et il fait des ravages entre jeunes élèves. Selon une étude du Centre de psychologie et de psychothérapie clinique de Zurich, une partie des écoliers se fait ainsi régulièrement insulter, railler, taper, voire agresser sexuellement par d’autres camarades.

    Le mobbing entre élèves et à l’école, est-ce possible? Jean-Luc Guyer, professeur zurichois et responsable de la recherche, a posé la question à 2981 enfants, âgés entre 6 et 16 ans, de toute la Suisse. Les résultats, publiés en primeur dans Sonntag, font froid dans le dos: 58% des jeunes interrogés avouent être régulièrement insultés à l’école. Les mauvaises blagues et les propos discriminatoires ont aussi une bonne place sur le podium de l’étude.

    Mais il y a pire encore. Près de 8% des écoliers se disent harcelés sexuellement. Et 22% déclarent avoir été, au moins une fois par mois, battu. Cette violence physique peut même conduire à des blessures pour 9% des élèves interrogés.

    Pour le professeur zurichois Jean-Luc Guyer, le mobbing existe lorsque quelqu’un subit des agressions verbales ou physiques par une ou plusieurs personnes, de manière systématique et sur une longue période. Selon cette définition, 1 enfant sur 20 serait victime de mobbing, et des violences verbales et physiques qui l’accompagnent, dans les écoles en Suisse.

    Le phénomène a des conséquences inattendues sur le comportement des enfants. Les «mobbés» peuvent avoir de soudaine baisse de performance scolaire. Ils peuvent aussi ne plus se présenter aux cours pendant une certaine période ou éprouver des maux de tête.

    Pas toujours visible
    Quant aux parents? Difficile pour eux de prendre conscience de la gravité de la situation. La violence du mobbing ne serait pas toujours visible. Et seuls 63% des jeunes filles et 53% des garçons interrogés déclarent ouvertement en être victimes.

    Pour sortir de cette spirale infernale du mobbing, «les auteurs et les victimes doivent apprendre à se parler», explique le professeur zurichois. Mais plus facile à dire qu’à faire, selon lui. Surtout, lorsque l’enfant «mobbé» est déjà exclu du groupe.

    Dans tous les cas, il n’y aurait pas de solution simple et préfabriquée pour lutter contre la spirale de cette violence. Les solutions se trouvent au cas par cas, même si les enseignants et responsables d’établissements voudraient recevoir des remèdes simples et concrets, conclut le professeur zurichois.