Collectif d'Action et de Lutte contre les Jeux A Risques
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  • http://www.leparisien.fr, 23 mai 2009

    Posté le mai 23rd, 2009 Caljar Pas de commentaire

    « C’est encore plus dangereux à la maison »

    OLIVIER GRIGNON, alias Black Psycho

    Brancardier dans la vraie vie, Black Psycho sur le ring, Olivier Grignon, 43 ans, intervient dans les écoles pour expliquer les dangers du catch.

    Alors, vous voilà appelé à la rescousse par l’Education nationale ?
    Olivier Grignon. On m’appelle beaucoup*. Dans les cours de récré, les gamins n’ont pas vraiment le temps de mettre en scène des matchs.

    Ils se font des prises dans des coins quand les surveillants regardent ailleurs. Malgré les attroupements qui se forment, les adultes ne les repèrent pas toujours, d’où les petits accidents. Mais en fait, c’est encore plus dangereux à la maison. Parce que là, les adultes cautionnent et ne surveillent pas.

    Les parents sont-ils inconscients ?
    Totalement. Ils expliquent même naïvement que leurs enfants « s’amusent à jouer au catch ». Ils les laissent dans leur chambre ou dans le jardin mettre des matelas par terre, prendre des chaises pour faire des sauts… Il y a quelques années, je ne connaissais même pas la moitié des prises qu’essaient de reproduire les mômes aujourd’hui et je suis sidéré. Certaines sont extrêmement dangereuses, comme le marteau-pilon qui consiste à prendre quelqu’un à l’envers, à coincer sa tête entre vos jambes et à sauter sur vos genoux. Dans le vrai catch, sa tête effleure à peine le tapis. Les gamins, eux, pensent qu’on écrase la tête de l’adversaire et ils sautent de bon coeur… sur ses cervicales. Ce qui me fait le plus peur, c’est la surenchère des vidéos sur Internet. Il ne faut pas que les parents les laissent faire ça.

    Que faut-il leur expliquer ?
    Le catch c’est de la culture physique, de l’entraînement, le corps doit être formé : il n’est pas question de commencer avant 13 ans. Il faut des mois pour apprendre à tomber sans se faire mal et des années pour réussir certaines prises. Et puis, disons la vérité : c’est du spectacle, avec un scénario, de l’entraînement intensif, des artifices aussi. Le ring, c’est comme un trampoline, il y a un ressort au milieu qui amortit les coups. Nos chaussures, c’est de la mousse. Expliquer ça aux enfants ne brise pas la magie. Si on veut que le catch reste un beau sport populaire, mieux vaut avouer que c’est un spectacle plutôt que risquer une hécatombe d’enfants blessés.

    Vous êtes inquiet ?
    On est seulement au début des problèmes. La folie pour le catch s’amplifie tous les jours. Dans mon école à Beauvais (Oise), nous avions 12 licenciés il y a deux ans. Aujourd’hui, on en a 55 et on refuse des gamins. Beaucoup n’ont d’ailleurs même pas les 13 ans requis… Avant cet âge, on ne peut faire du catch que dans les jeux vidéo ! Quant aux plus grands, il faudrait pouvoir leur proposer des écoles sérieuses. Il y en a une centaine en France, mais aucune n’est homologuée, faute de fédération.
    * On peut le joindre via son blog : http://catch-francais.skyblog.com.