Collectif d'Action et de Lutte contre les Jeux A Risques
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  • http://www.lalibre.be, 2 nov 2009

    Posté le novembre 2nd, 2009 Caljar 10 commentaires

    Un sinistre « jeu » qui peut tuer

    Annick Hovine

    Au cours du mois écoulé, 4 enfants sont morts étranglés dans leur chambre. En rejouant, seuls, le jeu du foulard appris dans la cour de récré.

    Victor avait 14 ans. Il habitait près d’Arlon. Il aimait les scouts, les échecs, le foot. Le 30 septembre dernier, il mourait, seul dans sa chambre, étranglé par un foulard.

    Le 18 octobre, un petit garçon habitant Amay était retrouvé inanimé sur son lit, une écharpe nouée autour du cou. Quatre jours plus tard, il décédait à l’hôpital. Il allait avoir 11 ans.

    Il y a trois jours, dans la nuit de jeudi à vendredi, un drame similaire se déroulait à Braine-l’Alleud. Des parents ont découvert leur petit garçon, âgé d’à peine 9 ans, une ceinture enroulée autour du cou. Malgré l’intervention des secours, l’enfant est décédé dans la nuit. Et une information judiciaire est ouverte dans un quatrième cas dramatique, dont les médias n’ont pas parlé, la famille souhaitant la discrétion.

    En un mois, quatre enfants – au moins – sont donc morts des suites de ce sinistre jeu du foulard (aussi appelé rêve indien, rêve bleu ou jeu de la grenouille) pratiqué dans les cours de récréation.

    Ce « jeu » consiste à s’étrangler à l’aide d’un lien quelconque (foulard, écharpe, ceinture, corde ) jusqu’à provoquer un étourdissement, voire une perte de conscience. Le sang n’arrive plus au cerveau, ce qui entraîne des sensations : flashes, hallucinations, état de bien-être Le danger survient quand l’enfant passe à l’expérimentation seul, chez lui (lire ci-contre).

    A l’ASBL Chousingha (lire ci-dessous), dont l’objectif est d’informer les parents, enfants et éducateurs sur les jeux violents et les jeux d’évanouissement, on a recensé une dizaine de cas depuis le début de l’année 2009 en Belgique. L’information n’est pas toujours de première main, mais elle parvient via des sources assez fiables comme les centres PMS ou des directions qui ont connaissance de certains cas.

    « Il n’y a pas de collationnement scientifique statistique du nombre de victimes, ni au niveau des forces de police, ni au niveau judiciaire », relève José Fernandez, président de l’ASBL Chousingha.

    Parce que ce type d’accidents est difficile à classer. Certains se retrouvent – improprement – rangés parmi les « suicides inexpliqués », alors qu’il s’agit probablement de jeux du foulard qui ont mal tourné. Mais qu’il n’existe aucun témoignage extérieur permettant aux enquêteurs ou à la famille de corroborer cette hypothèse.

    Comment expliquer la recrudescence actuelle, aux conséquences tragiques, du jeu du foulard ? Deux phénomènes se conjuguent sans doute, avance M. Fernandez. Il y a d’abord le fait que les médias s’intéressent davantage à cette pratique. « On se rend compte qu’il existe peut-être plus qu’on ne le pensait. Un certain nombre de cas ressortent de façon plus rapide ».

    Il se peut aussi que ce « jeu » soit devenu plus populaire dans les cours d’école et qu’il se transmette plus rapidement « pour des raisons que nous ignorons dans le monde des adultes ». Il faut être très prudent sur ce qu’on communique envers les jeunes et la manière dont on le fait, avertit encore M. Fernandez. « On doit absolument éviter de donner des modes d’emploi et des recettes de cuisine, mais il faut parler des conséquences de la pratique ». Qui peuvent s’avérer irréversiblement dramatiques.